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          Autrefois, lorsque le monde était encore jeune et les terres encore vierges, à une époque dont même les légendes ne se souviennent plus, vinrent les premières heures des hommes. Ce fut dans la nuit, dans l'obscurité des temps immémoriaux, que le début de leur longue histoire commença et que le secret de leur origine fut oublié, perdu à jamais. A travers les âges, au fur et à mesure que leur nombre croissait, ils donnèrent naissance à de multiples lignées humaines et à de nombreuses autres races, dont le souvenir ne subsiste guère plus dans les mémoires. Depuis le début de leur ère, les hommes, choisissant de vivre et de mourir là où vécurent leurs aïeux, demeurent sur les terres qui ont accueilli leurs ancêtres et ont vu naître les pères de leurs pères. Jamais ils ne quittèrent les continents sur lesquels les premiers hommes firent leurs premiers pas, car jamais ils ne naviguèrent au delà des cercles de cet univers, sur les mers au delà de l'horizon.

 

          Là où ils vécurent, les peuples et pays qui naquirent changèrent inlassablement les terres, redessinant cent fois le visage du monde, retraçant cent fois ses frontières. Pourtant, malgré leurs différences, malgré la variété de peuplades et de tribus qu’ils composèrent, tous les Hommes partageaient initialement la même ascendance et vivent dans les mêmes lieux depuis l'origine de l'humanité, là où tout à commencé. Ainsi connaît-on les continents qu’ils occupent sous le nom des Terres Originelles, que l'on appelle aussi de leur nom ancien : Erden.

 

          Erden, aussi vaste que les océans, accueillit la vie à ses origines et lui donna naissance. Tantôt cruelle et douce, les contrastes  marquent sa face comme les traits d'un visage, entre rudesse et générosité. Si les plaines sont vertes et tendres comme le ventre d'une mère, coupants sont les rochers et hautes les fières montagnes, épineuse ossature du monde. Si les étés sont doux, froides sont les saisons d’hiver où nul soleil ne brille : aussi changeante que les eaux, la terre des hommes révèle tour à tour ses nombreuses faces, dure et impitoyable, conquise mais non pas soumise.  Ainsi vécurent les hommes, sous une multitude de reliefs et de climats différents, domptant leur milieu en s’installant jusque dans les contrées les plus hostiles. A l’image de cette variété de paysages, plusieurs peuples d’hommes virent le jour, apprenant chacun à maîtriser les contraintes de la nature, des régions polaires aux pays les plus désertiques. Ainsi établies, chaque communauté humaine s’organisa, développant ses propres caractéristiques, ses coutumes et ses traditions qui firent des autres des étrangers. Ces communautés devinrent des peuples profondément liés à la terre qui les portait et sur laquelle leurs ancêtres s’étaient battus pour survivre. Trait propre à l'humanité, unique, mais aux multiples faces, chaque peuple se différencia des autres, sans pour autant cesser d’appartenir à la même espèce. De conquête en conquête, de bataille en bataille, les hommes apprirent, non sans heurts, à vivre sur les Terres Originelles et à les partager entre eux.

 

          Ainsi, vastes sont les Terres Originelles, car nombreux sont ses visages et ses peuples. Deux continents distincts, séparés par une mer composent Erden : le continent Boréal au nord, là où les régions les plus septentrionales connaissent un hiver sans fin, et le continent Austral au sud, là où l’été jamais ne meure. Sur le continent Boréal vivent les peuples les plus puissants, civilisations brillantes et anciennes, mais aussi les plus belliqueuses et avides de sang. En ces terres septentrionales, les collines sont vertes et favorables à la vie. Nulle part ailleurs trouve-t-on des terres aussi riches et hospitalières ; au delà des cercles polaires, dans le grand nord, le froid, et par delà les mers au sud, la chaleur, rendent l’existence humaine plus pénible, et d'autant plus précieuse qu'elle est fragile. Ainsi, il n’est donc pas étonnant que les premières communautés humaines, celles qui devinrent les plus éclatantes, se soient établies dans les plaines du Nord, là où l’herbe est tendre et la terre fertile.

 

          A l’image de cette variété de territoires, les qualités et les défauts de l’âme sont multiples chez les hommes, distinguant chaque individu les uns des autres. Les plus honorables vertus sont illustrées par la bonté et la justice de quelques-uns, mais comme tous les autres, la jalousie et l’orgueil empoisonne aussi leur cÅ“ur. Fidèles à ce que la nature, douce et impitoyable, a fait d’eux, les hommes sont capables des plus nobles, comme des plus viles passions. S’ils savent aimer avec ardeur et se battre avec courage, d’autres, plus fourbes, se dérobent à leur devoir et sacrifient l’honneur, par lâcheté ou par traitrise. Choisissant parfois la vengeance, la colère ou l’avidité, à la justice, portés par leurs appétits funestes, les hommes ont le cÅ“ur ambivalent. Raisonnables ou passionnés, guidés par l’égoïsme ou par les sentiments les plus altruistes, ils ne sont ni entièrement bons ni foncièrement mauvais. La plupart d'entre eux agit uniquement pour conserver ce à quoi ils tiennent et protéger ce en quoi ils croient. Si certains individus sont animés par le désir du pouvoir et la fureur guerrière, rares sont les hommes au cÅ“ur suffisamment dur pour être entièrement condamnables. Car, entre amour et orgueil, honneur et injustice, bonté et cruauté, par le vice ou par la vertu, avant toute chose, les hommes luttent pour leur vie.

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