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    Les récits anciens des batailles légendaires, les chansons de geste, les ballades des poètes courtois… Toutes les histoires de jadis, peuplées de héros, de chevaliers hardis et de dames alanguies partagent toute une même particularité, une caractéristique constante, érigée en valeur absolue : la noblesse, elle donc découle le prestige, le respect et la gloire auxquels tous aspirent.

 

     Il n’est de valeur plus puissante que la noblesse, suprême hasard de la naissance auquel se plient tous les hommes, condamnés à servir ou à diriger avant même leur venue au monde. La lignée, telle un sceau, marque les individus de son encre indélébile, dictant sa loi arbitraire et hasardeuse sur le monde. Naître noble ou manant, heureux sort pour les uns, ou désastreuse fatalité pour les autres : telle est ainsi la loi immuable du sang.

 

      Nul homme n’échappe à sa naissance ni ne déroge à cette règle, en particulier les héritiers de la noblesse, dont le lignage prestigieux est tout à la fois leur fierté et leur fardeau, leur gloire et leur malheur. Les grands de ce monde se réunissent tous sous l’étendard fané d'une noblesse vieille de plusieurs siècles : pareilles aux racines d'un arbre, elle demeure profondément ancrée dans le sol, sur la terre qu'elle possède et sur les hommes qu'elle dirige. A la noblesse, les simples hommes doivent le respect et l'obéissance, en l'échange de leur protection et de leur survie. A l’origine, pourtant, aucun homme ne primait, seules les vertus et les qualités guerrières plaçaient certains individus au dessus des autres : de ces chefs naturels, héros illustres des épopées de jadis, descendent les nobles d’aujourd’hui  - ou du moins les plus prestigieux, qui se targuent d'appartenir aux maisons les plus anciennes. Dépassée par définition, la noblesse porte toujours son regard vers le passé, l'ancienneté de son institution étant sa seule légitimité. La noblesse a donc fondé son rang sur  la mémoire de ses aïeux et la gloire des plus grandes maisonnées, assumant les charges qui lui ont été confiées et transmises de génération en génération : dépositaires d'un héritage centenaire, ils sont les gardiens d'un ordre ancien dont les racines profondes structurent la société. Du seul fait de son lignage, la noblesse a forgé ses propres codes et ses valeurs, devenant une caste dominante, imposant son modèle à travers les siècles. Reléguant les simples hommes à un rang moindre, la noblesse se conçoit comme une société naturellement supérieure et dirigeante, dont l’unique, mais impitoyable condition d’accès n’est autre que l’extraction, c'est à dire, la naissance. En d'autres termes : le sang, lui qui décide de la place d'un individu, de ses devoirs et de ses droits dans le monde.

 

      A chaque qualité sa peine et ses souffrances, à chaque ordre ses codes et ses valeurs, à chaque rang sa place et sa fonction. Seule une exigence commune distribue les rôles que chaque individu doit incarner jusqu’à la fin de son existence : la loi du sang.

 

 

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