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La Légende du RoiMort

 

 

 

 

 

     La cité d'Yln, la belle et éclatante, était tombée en cendre, abandonnée des derniers Valars comme des Al-Diens, oubliée de tous et même de la plaine, dont l'herbe verte et mousseuse avait déjà recouvert les derniers vestiges de celle que l'on nommait autrefois l'Imprenable.

Les tribus des Al-Diens continuèrent à habituer les longues landes occitanes du pays nordique, territoire dont ils étaient les rois. Les descendants des douze seigneurs, jadis ralliés par Ohrlin le Barbare, s'établirent chacun sur une colline et y fondèrent leurs propres cités. Ainsi furent créées les douze cités occitanes, les douze Etoiles Argentées des plaines nordiques, fierté du peuple Al-Dien :  Al-Gandahr, Al-Cheriel, Al-Rahr, Al-Minahr, Al-Radiel, Al-Pendahr, Al-Falahr, Al-Sandahr, Al-Paravel, Al-Mires, Al-Clariel et la dernière, Al-Edesse.

 

     Ces douzes cités formaient un royaume illustre, dont la puissance s'étendait jusqu'aux monts camélins, sur la terre bordée par l'Océan Argenté au nord, et les mers Boréales du sud. La plus belle et la plus grande cité n'était autre que celle des descendants d'Ohrlin le Grand lui-même : Al-Edesse, capitale des Rois des Plaines.

Les descendants des seigneurs Al-Diens, les princes des autres cités, avaient juré allégeance au Roi d'Al-Edesse, comme autrefois leurs ancêtres jurèrent allégeance à Ohrlin le Barbare. Dans leurs veines coulait le sang de leurs antiques pères guerriers et celui des femmes d'Yln auxquelles ils s'unirent, dans le feu et le fer. 

 

     Le souverain d'Edesse qui donne son nom à la légende du Roi-Mort, Hùrin Roi des Plaines, était donc descendant d'Ohrlin. En lui se retrouvait la force et la férocité de son peuple mais aussi toute la sagesse des Valars, auxquels sa maison avait été unie. Il gouvernait le royaume des Douze Cités Etoilées, régnant avec intransigeance et sévérité. De belle stature, le visage sombre et noble, haut de front comme de taille, il avait une la beauté dure et froide du guerrier, typique de son peuple. Son épouse, la noble Dame Vilya, descendait elle aussi d'illustres reines et en elle semblait se réincarner le souvenir perdu des princesses d'Yln. 

Le Roi Hùrin possédait tout ce qu'il désirait, son royaume était vaste et longues étaient les plaines de ses cavaliers. Il aimait tendrement son épouse, la Dame Vilya, et n'éprouva jamais d'amour pour une autre femme. Pourtant, son épouse se révélait incapable de lui donner un héritier, et malgré l'inquiétude qu'il formait à ce sujet, jamais il ne songea à prendre une autre reine pour assurer sa descendance.

Pourtant, le Roi Hùrin avait besoin d'un fils pour asseoir son pouvoir, assurer sa descendance et éviter que sa lignée ne soit un jour renversée par les autres cités. En effet, les Al-Diens étaient toujours marqués par un goût pour l'indépendance, hérité du temps lointain où le peuple était partagé en tribus nomades et rivales. Ainsi, de nombreux princes des autres cités se révélaient de plus en plus hostile à l'autorité d'un Roi dont l'épouse était incapable d'engendrer un héritier mâle. 

 

     La Dame Vilya était une épouse aimante mais malheureuse, mariée à un homme pour lequel elle avait de l'affection mais qu'elle n'avait pas choisi. Elle avait toutefois un grand sens du devoir et se désolait d'être incapable répondre au désir de son époux. L'espoir d'enfanter mourrait petit à petit dans le coeur tendre de la belle dame d'Edesse. Elle eu recours de nombreux remèdes pour tenter, en vain, de soigner le mal qui l'empêchait de donner le jour à un enfant en vie. Tous les jours, la dame Vilya buvait des décoctions et empoisonnait son corps jusqu'à se rendre malade, dans l'espoir insensé de pouvoir enfin porter l'enfant de son époux. Versée dans les arts des drogues et des poisons, la Dame Vilya était cependant incapable de remédier à la malédiction qui la frappait, et son acharnement remplaça rapidement son surnom de guerrieuse par celui de sorcière.

 

     Un jour, Hùrin quitta la cité d'Edesse et chassa le cerf, animal que seul les Rois étaient autorisés à abattre, dans des forêts éloignées de son domaine. Sur son destrier, le Roi arpentait des chemins inconnus, entouré de sa cour et des chiens poursuivant une pauvre bête affolée, lorsqu'une flèche tirée d'entre les arbres blessa Hùrin à l'épaule. Une seconde flèche, tirée au même instant, transperça sa jambe. Si les blessures en elle-mêmes ne présentaient pas de grave danger pour la vie du souverain, la pointe des flèches était vraissembablement recouverte d'un violent poison. Le souverain, transporté auprès de sa reine, expira quelques jours plus tard, entouré de toute sa cour venue lui rendre les derniers hommages sur son lit de mort. Ainsi mourut Hùrin Roi des Plaines, laissant un trône sans descendance. Accusée d'avoir assassiné son époux, la reine fut chassée de la cité d'Al-Edesse. Les douze cités, descendantes des douze tribus raliées par Horlin le Barbare, se disputèrent la couronne du royaume, semant la discorde entre les princes rivaux.

 

     Moins d'un an après la mort du Roi Hùrin, la Dame Vilya donna miraculeusement naissance à un fils que l'on prétendit illégitime, car né après le décès du roi. A force de persévérance, le fils de celui que l'on surnomma par la suite le «Roi-Mort», parvint à reprendre le trône d'Al-Edesse, mais jamais ne pu recouvrer ses droits sur le royaume des seigneurs Al-Diens, qui disparu en même temps que son père. 

 

    Aujourd'hui encore, les douze cités occitanes restent des soeurs rivales et ne furent jamais plus réunies depuis la fin que connu le Roi-Mort. Dans la cité d'Al-Edesse, dont les actuels princes descendent (selon toute vraissemblance) du Roi-Mort, on prétend que la Dame Vilya erre toujours sur les murailles, guettant l'horizon, accompagnant de sa présence les Gardiens des Plaines Occitanes.

 

 

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